CÉLESTE SOLSONA – VOYAGE AU RYTHME DES CHEVAUX

celeste solsona a cheval au milieu des montagnes

« Le soleil n’est jamais si beau qu’un jour où l’on se met en route. »  Jean Giono

Née dans la Drôme, Céleste Solsona grandit au milieu des chevaux. Elle les observe pendant des heures pour mieux les comprendre. Autodidacte, puis élève de Jean-François Pignon, elle apprend à bâtir avec ces animaux fascinants une solide relation de confiance. La base ? Une communication respectueuse de leur intégrité, qu’elle transmet dans ses stages. Créatrice de spectacles équestres, sa compagnie Les Chevaux célestes voit le jour en 2011. Chaque année, la petite troupe part en tournée… à pied ! Car la jeune femme aime les voyages. Mais pas n’importe lesquels ! Ceux qui nous connectent à ce qu’il y a de plus profond : à la Nature, aux autres, et bien sûr à nous-mêmes. Toujours à un rythme qui laisse le temps. Le temps de ressentir, de comprendre et de guérir. Celui des chevaux. 

Elles me parlent vous embarque dans la vie d’une femme passionnée, au cœur ouvert et nomade.

Le voyage comme quête personnelle : la Travesía

Après les montagnes des Andes en Patagonie argentine en 2019, ce sont les plaines d’Espagne que Céleste Solsona choisit en 2022. D’origine espagnole par son père, la jeune femme n’a jamais vécu dans la péninsule Ibérique. À l’aube de ses 30 ans, elle part à la recherche de ses racines…

voyage à cheval de celeste solsona

Un périple de 2 mois en totale autonomie

Voyager au long cours avec des chevaux requiert de solides connaissances en randonnée équestre. Plusieurs semaines de préparation sont nécessaires pour s’abandonner ensuite à l’inconnu l’esprit tranquille. L’itinéraire, tracé au préalable, traverse l’Espagne du nord au sud. Il relie Soria, en Castille-et-León à El Rocío, en Andalousie. Céleste prévoit d’assister à la grande romería du village, au mois de mai. 

Nous sommes fin mars, et en ce début de voyage, le froid est glacial et les paysages désolés. L’aventurière a pris la route avec ses 2 chevaux, Passang et Jahil. Le premier est un barbe arabe de 6 ans. Elle ne le monte que lorsqu’elle est vraiment fatiguée. Le second, un barbe entier de 2 ans et demi, n’est pas encore débourré. Il porte un bât avec une charge légère pour préserver son dos de poulain. La petite troupe marche environ 20 km par jour. Pour Céleste, le bien-être et les nécessités de ses compagnons sont prioritaires. Le soir, elle plante toujours sa tente à leurs côtés. Elle n’accepte de dormir dans un lit, offert par des habitants, qu’à une seule condition : que ses chevaux soient en totale sécurité. 

Et tant de rencontres…

Voyager, c’est partir à la rencontre. Et chacune est elle-même un voyage. Certaines nous entraînent, dans un tourbillon léger et joyeux, vers la plénitude. D’autres nous frappent et nous déstabilisent. Elles mettent à l’épreuve notre courage, notre capacité à nous adapter et à lâcher prise. 

Parmi les rencontres les plus hostiles durant la Travesía, il y eut celle avec la tempête. Céleste n’oubliera jamais cette nuit apocalyptique, où elle a dû veiller, seule au milieu de nulle part, sur ses chevaux paniqués. Après plusieurs heures à lutter contre le sommeil, elle s’assoupit malgré elle. Lorsqu’elle se réveille, Passang a disparu. Il n’était heureusement pas parti bien loin. Ensemble, ils reprirent la route.

« Peu à peu, le voyage nous a façonnés en nous enseignant comment ne plus marcher « contre », mais « avec » et nous nous sommes laissé devenir vent, pluie, neige, montagne, chaleur, piste, sable…»

Céleste, Passang et Jahil croisent sur leur chemin des habitants dont la bienveillance met du baume au cœur. Certains villageois remuent ciel et terre pour trouver du foin, d’autres remplissent leurs sacoches de tortillas et de fruits.

Les rencontres festives dans les romerías andalouses font partie des plus beaux souvenirs de la voyageuse. Il s’agit de pèlerinages traditionnels pour célébrer une Vierge ou un saint patron.  Les milliers de chevaux, de cavaliers en costumes typiques, les calèches, les fleurs, les paysages de sable, et le flamenco… Céleste a l’impression d’être dans un film, un rêve éveillé, au milieu de « gens si heureux et si proches de leurs traditions. » 

Malgré son approche bien différente des chevaux, elle fait le choix de ne pas juger, seulement découvrir. Son équitation la plus naturelle possible, sans mors ni fers, suscite curiosité et admiration des Andalous. Cela donnera lieu à des discussions passionnantes…

chevaux au coucher de soleil sur une plage

Des jeunes et des chevaux en chemin vers la résilience avec Céleste Solsona

Un engagement social

Très jeune, Céleste prend conscience des bienfaits de la connexion avec la nature et chevaux sur la santé mentale. Depuis 2018, elle organise des voyages à pied avec des jeunes que la vie n’a pas épargnés. Il s’agit d’enfants placés en foyer ou d’adolescents en grande détresse psychologique. Pendant plusieurs semaines, ils marchent et vivent ensemble, loin du monde moderne. Avant de partir, ils s’engagent à respecter un pacte : les chevaux porteront les bagages, mais en échange, ils devront prendre soin d’eux. Cela impliquera parfois de cheminer une heure de plus, malgré la fatigue, pour trouver une belle pâture.

Des bénéfices humains inestimables

Les bienfaits de ces séjours de rupture sont innombrables. La nature apaise les jeunes. Prendre soin des chevaux et participer à la vie commune les responsabilise. Cela développe leur sentiment d’appartenance. Les équidés les écoutent, et les habitants des villages s’intéressent à leur périple : les voyageurs se sentent valorisés, gagnent en confiance et en estime d’eux-mêmes. La communication corporelle avec l’animal les aide à focaliser leur attention. Ils prennent conscience de leur corps, et apprennent à contrôler leurs mouvements malgré les émotions. Enfin, ils découvrent la dureté de la vie nomade, et la beauté du dépassement de soi.

« Le voyage nous a façonnés et a tissé entre nous, les chevaux et la montagne, des liens puissants et indescriptibles. »

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À la rencontre des personnes âgées

Chaque voyage peut être un but en soi, et apporte son lot de rencontres. La plupart sont inattendues. Mais il y a aussi celles que l’on va chercher. Ce sont les destinations.

 

En 2019, Céleste Solsona sillonne la Bretagne avec ses juments, Alma et Louchi. Son but : rendre visite aux personnes âgées dans les EHPAD. Cela commence toujours par un spectacle équestre, puis vient un temps d’interaction et d’échange. La jeune femme présente aux spectateurs ses juments, et sa façon de communiquer avec elles. Les yeux éteints des résidents se remettent à briller. La présence d’Alma et Louchi ravive leur tendresse. La magie opère. Des souvenirs enfouis, que la maladie d’Alzheimer semblait parfois avoir rendus inaccessibles, remontent à la surface. 

 

Céleste approche Alma des participants qui le souhaitent. La jument pose alors délicatement sa tête sur leur bras ou leur épaule. Un contact physique si doux et réconfortant… Les langues se délient et les témoignages d’expériences avec les chevaux fusent. Autrefois, en milieu rural, ces derniers étaient un outil de travail avant l’arrivée des machines. Ces récits du passé sont autant de voyages riches en enseignements pour les nouvelles générations. Touchées par Alma et écoutées, les personnes âgées se sentent dignes d’intérêt, et moins seules. Un réalisateur est même venu immortaliser ces échanges.

chevaux et personnes agees

Les ateliers de travail à pied avec les chevaux

Céleste Solsona propose aux propriétaires de chevaux et aux cavaliers des stages de travail à pied. L’objectif des élèves est d’éduquer leur équidé dans le respect mutuel, ou de solutionner divers problèmes de comportement. Lorsqu’ils s’inscrivent, les participants ne se rendent pas toujours compte de ce que cet apprentissage implique : on ne peut être « bien avec son cheval » si on n’est pas au préalable « bien avec soi-même ».  

En effet, l’animal ressent nos émotions, et lit notre langage corporel de manière très subtile. Le moindre doute ou agacement, bref, tout ce que nous dissimulons avec brio à nos collègues humains : rien ne lui échappe ! Le masque de l’égo ne lui résiste pas, et notre vulnérabilité est mise à nu. Les remises en question sont alors douloureuses, mais salutaires. Les chevaux mettent en lumière nos traumatismes passés, et nous invitent à entamer un travail de guérison. Un voyage intérieur extraordinaire qui change notre rapport à nous-mêmes, aux autres et au monde.

C’est pourquoi Céleste organise des ateliers pour un public qui n’a rien à avoir avec le monde du cheval. Elle permet aux détenus ou aux jeunes en situation difficile d’interagir avec les équidés, en collaboration avec l’équipe encadrante. 

La puissance des voyages de l’imaginaire

Les voyages de l’imaginaire ont aussi toute leur importance. Ils nous font rêver, mais aussi prendre conscience. Ils attisent notre curiosité, nous donnent envie d’apprendre et nous incitent à passer à l’action. 

Dans ses spectacles, Céleste interagit avec ses chevaux en liberté. La communication est fluide et harmonieuse, à la fois légère, fragile et profonde. S’ensuivent des temps d’échange avec le public. Dès qu’elle en a la possibilité, Céleste fait découvrir aux enfants l’univers des chevaux : leur mode de vie, l’histoire de leur domestication ou encore la manière d’apprendre à parler leur langage.

Depuis son retour de la Travesía, elle raconte son périple dans les écoles. Une bonne occasion d’initier les jeunes au voyage à cheval ! Et de les inciter à s’ouvrir au monde qui les entoure.

« Peut-être que notre confort est notre pire ennemi. »  Édouard Snowden

C’est l’un des messages que nous transmet Céleste Solsona. Parce que se mettre en mouvement implique toujours des efforts et une prise de risques. Partir à la rencontre est donc loin d’être facile… et le cheval est un médiateur extraordinaire ! Il a cette capacité à faire tomber les armures et à nous connecter à l’instant présent. Interagir avec lui nous aide à restaurer les liens rompus à notre environnement. En ce sens, les voyages de Céleste, au rythme des chevaux, sont autant d’invitations au dialogue et à la solidarité. Parce qu’un monde meilleur se construit inévitablement ENSEMBLE.


Vous souhaitez adopter un mode de vie nomade ? Elles me parlent vous aide à prendre la bonne décision !

✍️ Article écrit par Florence, pour Elles me parlent