5 CONSEILS POUR INSTALLER VOTRE YOURTE (PRESQUE) EN TOUTE TRANQUILITÉ

5 conseils avant de construire sa yourte contemporaine

Vous projetez l’installation d’une yourte contemporaine ? Mais, vous vous sentez perdu au milieu de ce désert juridique ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul à faire la traversée. Opter pour une construction réversible, à faible empreinte écologique, est encore un concept insolite en France. Certaines lois tentent de réglementer l’implantation d’habitats légers, mais cela reste assez flou. Voici 5 conseils, issus de notre expérience personnelle, pour vous aider à bâtir et défendre votre projet alternatif.

1— Connaître votre environnement et les lois qui le régissent

Que vous ayez repéré le terrain de vos rêves ou que vous le possédiez déjà, connaître les règles d’urbanisme qui le régissent est le B.A.B.A de votre projet. Prenez le temps de vous renseigner auprès de la mairie de votre commune en demandant le Plan Local d’Urbanisme (PLU) ou Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUi).

Accessible gratuitement, c’est le document de référence qui réglemente l’utilisation des sols et l’aménagement de votre territoire concernant toutes les constructions. Pour faire simple, c’est votre prochain livre de chevet. 

Pour éviter une montée de stress inutile, ayez déjà conscience que votre projet de yourte contemporaine ne correspondra pas (du tout) aux attentes du PLU ou PLUi. 

Même si la législation va aujourd’hui en faveur de l’environnement, elle reste très rigide et peu ouverte aux propositions d’habitats alternatifs. Si vous vous sentez perdu, c’est normal : votre démarche de construction écologique et mobile ne rentre dans quasiment aucune case prévue par la loi. 

🌟Notre conseil : respectez le plus possible les lignes directrices du  PLU ou PLUi, et abandonnez l’idée de vous installer sur une zone protégée par le Code de l’urbanisme. Vous risqueriez de vous heurter à davantage de difficultés. Pour donner une chance à votre projet de voir le jour, oubliez les terrains situés aux alentours de bâtiments historiques et autres espaces préservés. 

💡 Bon à savoir : actuellement le PLU se modernise. Dans de nombreuses communes, les règles en matière d’urbanisme vont être modifiées dans les mois à venir. Ce qui est donc valable aujourd’hui chez vous ne le sera peut-être plus demain…

2— Miser sur le bon terrain

Outre les règles d’aménagement et d’utilisation des sols, prenez aussi en compte les spécificités de votre terrain : est-il constructible ou non ? Est-ce une parcelle agricole ? 

Vous vous en doutez, la réponse peut considérablement impacter votre projet. 

👉 Si vous investissez sur un lopin de terre constructible, vous pourrez déposer un permis de construire, comme pour une maison classique. Il faudra toutefois que votre habitat respecte les normes en vigueur (RE2020). 

Impossible me direz-vous ⁉️ Et bien non. De plus en plus de fabricants de yourtes contemporaines d’habitation appliquent ces règles. Cela reste tout de même un budget largement supérieur à celui d’une yourte dite de loisirs (comptez environ 50 000 euros). 

👉 Si votre terrain est classé non constructible, vous pouvez tenter de remporter le Graal de tous les « yourteux » : la pastille STECAL (Secteur de Taille Et de Capacité d’Accueil Limitée). Elle vous permettra d’installer votre habitat démontable plus sereinement, mais en suivant certaines règles quand même. 

⚠️ Elle s’obtient difficilement et doit faire l’objet d’une modification du PLU ou PLUi. Courage, patience et détermination seront vos maîtres mots si vous empruntez ce chemin.

Informez-vous, et divulguez l’information autour de vous, car même les élus ne sont pas toujours au fait de cette nouvelle législation. 

👉 Si vous êtes agriculteur, il existe des dérogations pour que vous puissiez installer votre yourte comme habitat principal sur votre terrain. Cependant, ne criez pas victoire trop vite. Il faut, entre autres, que l’exercice de votre métier justifie votre présence continue sur l’exploitation. Autant vous dire qu’il sera difficile de prouver que vos plants de légumes ont besoin d’une surveillance 24/24 h.

3— Définir avec précision votre projet d’habitat alternatif

Dîtes-vous que, plus vous identifierez vos besoins, plus vous serez au clair concernant les démarches administratives que vous aurez à effectuer. Pour cela, il y a 3 questions essentielles à vous poser.

  1.   Comptez-vous vivre plus, ou moins, de 8 mois de l’année dans votre habitat ? 
  2.   Quelle sera la superficie de votre yourte ? 
  3. Souhaitez-vous raccorder votre logement aux réseaux d’eau et d’électricité ? 

L’administration française a, depuis la loi ALUR, reconnu la possibilité que des habitats légers puissent être considérés comme résidence principale, s’ils sont occupés plus de 8 mois dans l’année. 

Toutefois, la législation n’est pas la même pour une yourte mongole traditionnelle de 10 m2, que pour une yourte contemporaine d’habitation version grand luxe. 

En clair, si vous souhaitez prendre des bains, les doigts de pieds en éventail, dans votre yourte de 90 m2 chauffée aux radiateurs électriques, passez directement par la case permis de construire. 

Sinon, élaborez votre plan en ayant connaissance des différents documents officiels qui peuvent vous être demandés. À savoir : 

  •  Une déclaration préalable de travaux pour une yourte contemporaine inférieure à 20 m2, pouvant être autonome vis-à-vis des réseaux publics.
  •  Un permis d’aménagement pour l’installation de minimum deux yourtes autonomes en équipements et installations, dont la superficie cumulée est supérieure à 40 m2.
  • Un permis de construire pour une yourte contemporaine supérieure à 20 m2 visant à être raccordée aux réseaux publics. 

⚠️Pour une yourte de plus de 50 m2, vous devrez respecter les nouvelles normes RE2020. Prévoyez donc un petit matelas financier supplémentaire. 

🌟Notre conseil : si vous le pouvez, faites-vous accompagner par un architecte ou avocat spécialisé dans le secteur alternatif. C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin (pardonnez-moi pour l’expression), mais il paraît que ça existe. 

4— Interpeller les acteurs susceptibles de jouer un rôle dans votre démarche de construction de yourte contemporaine

Après ce remue-méninges législatif qui donnerait presque la nausée, il est temps pour vous de prospecter. Partez à la rencontre des élus locaux et montrez patte blanche sur vos intentions de construction. Ne soyez pas surpris si certains vous font les gros yeux, ou vous rient au nez, votre demande relève pour eux de l’inédit. 

Mais, si vous faites appel à leur bon sens et leur sensibilité écologique, vous saurez les convaincre de défendre votre projet. 

🌟 Notre conseil n°1 : préparez un document aux petits oignons dans lequel vous décrivez avec précision votre démarche, mais aussi vos valeurs. Dégainez-le dès que vous en avez l’occasion pour appuyer votre demande auprès de ces services. 

Sachez que votre interlocuteur privilégié est le maire. Il peut vous soutenir comme vous mettre des bâtons dans les roues. Il est en lien avec la communauté des communes, la préfecture et la Direction Départementale des Territoires, autorités compétentes dans la gestion de l’occupation des sols. 

Si vous êtes à l’aise, demandez à vous entretenir avec le maximum d’acteurs locaux et croisez les informations que vous récoltez. Votre projet fait face à un vide juridique qui laisse place à des réponses qui parfois se contredisent. 

🌟 Notre conseil n° 2 : privilégiez et encouragez les informations écrites et courriers officiels d’autorisation. En somme, tout ce qui pourra jouer en votre faveur au cas où ça partirait un jour en cacahuète.

Schéma explicatif de notre projet d'habitats alternatifs collectifs.
Schéma explicatif de notre projet collectif

5— Prendre conscience que vous êtes acteurs du changement

Au-delà d’opter pour la construction d’un habitat léger et alternatif, vous faites aussi le choix de vous lancer dans un nouveau modèle de vie. Dans l’imaginaire collectif, la yourte reste encore associée à l’image de la yourte traditionnelle mongole, dépourvue du confort de notre société moderne. 

En défendant votre projet de vie en yourte contemporaine, vous participez au changement des mentalités et à l’innovation en termes d’habitat écoconstruit. 🌱

Consciemment (ou pas), vous êtes engagé dans une démarche politique qui défend des valeurs et propose des alternatives face à la crise économique, écologique et sociale. En soumettant votre vision alternative du monde de demain, vous allez certainement vous heurter à des réticences et des difficultés. Dans ces moments-là, repensez au sens que vous accordez à votre projet, c’est lui qui vous donnera le courage de continuer.

Cet article est le fruit de recherches, de rencontres et d’un voyage personnel sur les terres quasi désertiques de l’habitat alternatif. Vivre en accord avec ses convictions et ses valeurs relèvent encore aujourd’hui du parcours du combattant. C’est pourquoi, nous espérons que nos conseils vous éclaireront dans votre démarche de construction de yourte contemporaine. 

 

📢 Nous sommes à la recherche de témoignages de personnes ayant aussi un mode de vie alternatif. 

➡️ Pour nous partager votre expérience, écrivez nous à l’adresse mail : contact[at]ellesmeparlent.fr

✍️ Article écrit par Elles me parlent